Le 18 novembre 2023
Le Ministre de la Chasse Willy BORSUS entend poursuivre sa lutte contre la surpopulation du grand gibier en Wallonie et en particulier de l’espèce sanglier. Dans ce cadre, en plus de nouvelles mesures de destruction et de nourrissage, la chasse en battue des sangliers, mais également la chasse des cervidés non-boisés et des petits cerfs boisés, va être prolongée jusqu’au 20 février 2024.
Le Gouvernement a soumis au Conseil d’État deux projets visant à diminuer les populations et d’endiguer l’expansion de l’espèce sanglier, notamment via la mesure destruction et la mesure nourrissage.
La destruction
L’objectif du Ministre est de renforcer les possibilités de destruction du sanglier grâce à trois adaptations de la réglementation sur les modes et conditions de cette destruction, nécessitant à chaque fois des autorisations particulières.
Le tir de nuit en plaine
Depuis longtemps, de nombreuses voix au sein du monde agricole et de la chasse réclamaient la possibilité d'organiser la destruction du sanglier la nuit en raison des habitudes nocturnes de l’espèce. Cette nouvelle réglementation devrait permettre le tir du sanglier de nuit en plaine sous certaines conditions strictes, tout en encadrant et en sécurisant cette pratique.
Le piégeage
Que ce soit dans les zones périurbaines ou d’une façon générale au nord du sillon Sambre-et-Meuse où les sangliers sont très mobiles, notamment suite au dérangement d’origine humaine, la chasse par les moyens classiques s’avère être parfois délicate à organiser sur le plan de la sécurité . C’est pourquoi il sera possible pour quiconque en fait la demande de piéger les sangliers moyennant certaines conditions à respecter.
Battues supplémentaires à l’issue de la saison traditionnelle
Pour rappel, les conseils cynégétiques où la population de sangliers est importante se voient fixer chaque année un objectif de tir. La démarche est volontaire et coordonnée par les conseils cynégétiques concernés en concertation avec le DNF.
Ainsi des objectifs de tirs volontaires ont été fixés pour 23 conseils à forte densité de sangliers prévoyant un prélèvement de 23.481 sangliers, dont 7.206 laies de plus de 30 kg pour la saison 2023-2024. ?
Le projet du Ministre prévoit d’imposer des battues supplémentaires de destruction au cours du premier semestre qui suit la saison traditionnelle pour tous les territoires des conseils cynégétiques qui n’auraient pas atteint 50 % de l’objectif à la date du 30 novembre.
Le nourrissage dissuasif
En parallèle au déploiement et à la mise en œuvre des mesures de destruction, l’interdiction temporaire de nourrissage dissuasif devrait progressivement compléter le plan de lutte établi par le Ministre contre la surpopulation des suidés.
La première période d’interdiction de nourrissage débuterait le 21 décembre 2023 jusqu’au 20 février 2024 inclus.
Pour les saisons 2024-2025 et 2025-2026, l’interdiction débuterait le 1er novembre jusqu’au 31 mars inclus. Enfin, à partir de la saison 2026-2027, l’interdiction débuterait le 1er octobre et jusqu’au 31 mars inclus.
Une évaluation des résultats de l’ensemble des mesures prises pour diminuer les populations de sangliers ainsi que leur impact sur les dégâts, notamment à l’agriculture, serait réalisée, lit-on également dans ce projet.
Les associations de chasseurs ont communiqué au Ministre leurs remarques et leurs vives inquiétudes par rapport à ces projets dont, en particulier, l’interdiction du nourrissage dissuasif qui pourrait avoir un effet inverse à l’objectif poursuivi tel que ce fût le cas dans les régions et pays voisins qui ont tenté l’expérience.
Les associations répètent leur demande explicite de retravailler le projet en n’interdisant pas le nourrissage dissuasif mais en limitant strictement les quantités pour éviter tout excès.
Enfin et surtout, le projet n’est pas acceptable vu qu’il ne prévoit pas de modifier la loi d’indemnisation des dégâts aux champs, fruits, récoltes, vieille de 1961, et qui maintient de manière injuste la présomption irréfragable de responsabilité des titulaires de chasse du bois.
De nombreux chasseurs s’interrogent sur les risques que la maladie de la langue bleue fait courir aux grands ongulés sauvages de nos forêts. Interrogée par nos soins, la professeur Annick Linden, du laboratoire de la Faune sauvage de l’Université de Liège, nous donne les précisions suivantes :
La maladie de la langue bleue est une maladie virale (Orbivirus) qui concerne les ruminants et qui est transmise par de petits insectes, des culicoïdes.
En toute logique, les cervidés sont ou vont être infectés, comme pour le BTV_8, mais jusqu'à présent, aucun évènement de mortalité ne nous a été rapporté. Il faut rester vigilant, car la virulence peut varier d'un sérotype à l'autre.
Les chasseurs qui trouveraient un ou plusieurs cadavres de mouflon, cerf ou chevreuil sont invités à les déposer dans congélateurs disposés en Wallonie à cet effet : http://www.faunesauvage.be/faune-sauvage/?page_id=9229
La peste porcine africaine est à notre porte : ICI
"Six échantillons de MF de ratons prélevés en 2024 et analysés au service Faune sauvage ULiège se sont révélés qPCR positifs pour Baylisascaris procyonis
Pour 2 d'entre eux, des vers adultes ont été isolés de l'intestin grêle.
Ces ascaris ont été transmis à l'Anses LRFSN, Malzeville : qPCR et séquencage ont confirmé l'identification. Il s'agit de la même séquence pour les deux vers à savoir un fragment de plus de 600 pb du gène 18S, identique à une séquence de référence dans GenBank.
Ce parasite est présent dans certaines populations de ratons dans les pays voisins (surtout en Allemagne et Pays Bas mais aussi au GDLux et récemment détecté en France). Même si nous avions de forte suspicion de présence en Wallonie, ce sont les premiers cas détectés positifs et confirmés par séquencage.
Les 6 cas positifs ont été prélevés sur Bouillon (n = 3), et n = 1 pour Aywaille, Erezée et Raeren
Annick Linden (Professeur en santé et pathologie de la Faune sauvage - Faculté médecine vétérinaire ULiège)