Demain, 1er octobre, débutera la haute saison de chasse, ce qui signifie que la chasse à tous les gibiers est ouverte sous tous ses modes (ex : chasse à tir) et procédés (ex : chasse à l’approche ou à l’affût, chasse en battue, etc.). Cette année, comme c’est le cas tous les cinq ans, les dates d’ouverture et de fermeture ont été revues et inscrites dans un nouvel arrêté valable pour 2011-2016. Principale modification par rapport à l’arrêté précédent : la période d’affût et d’approche de l’espèce cerf est avancée, et celle de l’espèce chevreuil est avancée et prolongée.

Benoît Petit, président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique, est ravi : "Vu l’évolution des populations de grand gibier, nous aurons ainsi le temps de prélever les sujets qu’il faut dans la nature". En effet, selon le Tableau de bord de l’Environnement 2010, les effectifs de sangliers ont quadruplé en 30 ans (25 800 individus en 2008 contre 7 100 en 1980), tandis que ceux de cerfs ont doublé (11 000 en 2008 contre 5 500 en 1980). Seul le nombre de chevreuils semble diminuer, après avoir doublé.

Cette surdensité en grande faune sauvage dans les forêts du sud du pays n’est pas sans poser problème au niveau de la production de bois, comme l’explique Etienne Snyers, président de NTF, l’association des propriétaires de forêts et de terres agricoles en Wallonie. "Les brocards font beaucoup de dommages aux jeunes plantations pendant le printemps en se frottant aux arbres. Les cerfs, quant à eux, s’attaquent aux peuplements plus implantés et les rendent sans avenir à cause des dégâts d’écorcement." L’agriculture n’est pas non plus épargnée, de même que la biodiversité (la végétation herbacée et arbustive est à certains endroits ramenée à sa plus simple expression, les espèces d’oiseaux nichant au sol comme l’engoulevent peuvent voir leur couvée détruite...).

Si, pour Benoît Petit, "le seul moyen de faire baisser les populations de grand gibier est d’élargir la période de chasse", comme le fait le nouvel arrêté quinquennal, pour d’autres, ça ne suffit pas. "La régulation des espèces gibier a été confiée aux chasseurs et ils doivent prendre leurs responsabilités, c’est une question de volonté !", clame M. Snyers. Une mission difficile, selon Inter-Environnement Wallonie (IEW), dès lors que la logique de profit est présente et amène les chasseurs à "des dérives comme le nourrissage du gibier, le tir des animaux mâles pour préserver le capital et les intérêts des années suivantes..." Le Royal Saint-Hubert Club se défend d’être responsable de la surdensité de sangliers, entre autres, qu’il met sur le compte de la nourriture apportée par l’agriculture et le changement climatique. "De nouvelles cultures, très appétentes pour le sanglier, sont apparues, comme le maïs, la moutarde et le colza. Et, alors qu’autrefois il y avait une glandée tous les sept ans, il y en a une tous les ans !"

Quoi qu’il en soit, pour IEW, "la gestion de la faune sauvage, qui a des conséquences importantes sur le maintien des écosystèmes forestiers, ne devrait pas être laissée aux seules mains des chasseurs avec, comme garde-fou, un cadre législatif d’une autre époque". En 2003, sur base de nombreuses auditions, le Parlement wallon a adopté une résolution sur la chasse, à destination du gouvernement wallon. Ces propositions semblent depuis être restées lettre morte... Lionel Delvaux d’IEW propose donc au ministre wallon de la Nature (Benoît Lutgen en attendant qu’un successeur lui soit désigné vu qu’il est devenu président du CDH) "de revoir urgemment le cadre de la chasse pour que le gibier soit géré par les différentes parties prenantes" : propriétaires forestiers et agricoles, chasseurs, naturalistes, etc. A l’heure actuelle, des propriétaires (des communes par exemple) ont déjà développé des partenariats avec des chasseurs pour aboutir à un équilibre entre forêt et gibier, "mais ces initiatives, plutôt rares, ne sont pas encouragées par le législateur".

Le constat est le même du côté du petit gibier. Certaines espèces sont ici en forte régression comme la perdrix grise, qui souffre de la dégradation de son habitat et, si rien n’est mis en place au niveau de la Région, des projets locaux montrent des résultats satisfaisants sur le terrain. Manuel de Tillesse, administrateur délégué de Faune et Biotopes, explique ainsi que "plusieurs gestionnaires de territoires se sont rassemblés à l’Ouest pour recréer un milieu de vie favorable à la perdrix, et sont arrivés à remonter les populations au niveau des années 1970 à 50 couples sur 100 hectares alors que la moyenne est désormais de 5 couples ailleurs en Région wallonne". M. de Tillesse prône donc une gestion de la faune des plaines coordonnée à large échelle. Une proposition avec laquelle Benoît Petit, du Royal Saint-Hubert Club, est tout à fait d’accord : "Les chasseurs ne sont pas maîtres du foncier, il faut donc trouver des solutions avec les agriculteurs et avec l’aide des hommes politiques pour restaurer les habitats".

On pourrait toutefois se poser la question de savoir pourquoi la chasse à certains petits gibiers en mauvaise situation de conservation n’est pas tout simplement interdite. C’est ce qui s’est passé au Luxembourg, mais "les espèces ont continué à décliner car elles n’avaient plus l’attention des chasseurs. La chasse interdite, la restauration des habitats a été abandonnée..." On le voit, la chasse au grand comme au petit gibier reste un dossier complexe, polémique et tout en nuances, qui mérite un cadre innovant et actualisé par le gouvernement wallon. Gérard Jadoul, membre de l’ASBL Solon qui rassemble des photographes et cinéastes animaliers, et président d’IEW, conclut avec une note positive : "Deux grands dossiers ont été bouclés sous les deux précédentes législatures, la révision du code forestier et Natura 2000, il ne manque plus aujourd’hui que la révision de la loi sur la chasse".

 

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Vous trouverez ICI la présentation que nous en avons faite dans le Chasse & Nature de février et le texte complet de l’arrêté ICI.

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